22 mai

Je commence la journée en prenant la direction du Musée de L'Histoire d'Osaka que je n'ai pas pu faire avant-hier. Comme son nom l'indique, il retrace prêt de 1300 ans d'histoire d'Osaka, mais il possède aussi une exposition temporaire. Et pour être tout à fait franc, c'est un super musée.

L'exposition commence au 10ème étage par l'antiquité d'Osaka, au 7ème siècle, quand elle s'appelait encore Naniwa et était la capitale du Japon. Si elle s'est autant développée à l'époque, c'est grâce au commerce maritime avec la Chine et la Corée. Il ne reste plus beaucoup de traces de cette époque, à peine quelques artefacts et anciennes fondations.

Evidemment, il ne peut pas y avoir de capitale puissante sans un palais (plus précisément deux). Le premier palais a été construit en 651 mais a rapidement été détruit par un incendie, menant à la construction du second palais (assez similaire d'ailleurs) en 744. Et on peut remarquer que le style architectural propre au japon aujourd'hui était déjà présent à l'époque. Il est même probable que les constructions des palais aient été les premières occurrences, comme avec les toits constitués de tuiles concaves et cylindriques dont les premières traces apparaissent justement avec le second palais.

Le gros bâtiment au centre de la photo est le Daigokuden, il sert de salle utilisée par l'empereur lors des cérémonies nationales. A l'intérieur se trouve un trône prévu pour être démontable et transportable à l'occasion des déplacements de l'empereur. Le musée a reproduit à taille réel l'intérieur du Daigokuden pour montrer ce à quoi pouvait ressembler une cérémonie (dommage qu'ils n'aient pas recréé le trône).

L'avantage d'avoir l'exposition au 10 ème étage est de pouvoir en même temps avoir une vue sur les ruines des palais. Celles-ci ont été découvertes très récemment puisque les travaux archéologiques ont commencé dans les années 50 et, faute de financement publique massif, se sont terminés quelques décennies plus tard. Les fondations du Daigokuden se situe à droite de l'autoroute tandis qu'à gauche on a la résidence impériale.

Ensuite, l'exposition se concentre sur la période moyen-âge d'Osaka à partir du moment où Oda Nobunaga a pris le contrôle de la ville en 1580. Et les projets d'unification du Japon par ce dernier coûtent cher, ce qui mène à avoir de très fortes taxes sur les habitants, ralentissant le développement économique de la ville.

Mais lorsque Toyotomi Hideyoshi pris la succession de Nobunaga à sa mort, et parce que le Japon entrait dans une période plus stable, il y eu un vrai développement de la ville d'un point de vue social, culturel et commercial. Le bouddhisme commença à se développer de plus en plus, des théâtres commencèrent à apparaître (donnant naissance au fameux théâtre Kabuki), les festivals firent leur apparition (notamment sur l'eau avec de petits bateaux dédiés) et le commerce se renforça, notamment grâce aux relations avec les Pays-Bas. Lors de l'isolement du Japon avec le reste du monde, celui-ci garda encore contact avec les Pays-Bas malgré tout, tandis que la majorité du commerce continua de se faire par le transport de marchandises entre le sud et le nord du pays.

La ville commença aussi à développer son infrastructure autour de canaux (perdus aujourd'hui) profondément dans les terres tandis qu'en bord de mer se situaient les cultures. Du point de vue du gouvernement, le Shogun a pour rôle de diriger le pays (pour rappel, à cette époque l'empereur n'a un rôle que très restreint). Il désigne un Jodai pour diriger la région (en l'occurrence depuis le Château d'Osaka) et un Machibugyo pour superviser la cour et l'ordre publique de cette même région. Osaka était une ville un peu à part car elle avait un gouvernement encore plus fin lui donnant beaucoup d'indépendance. La ville était séparée en trois zone et chaque zone était gérée par un Sotoshiyori pour la collecte des impôts et les affaires administratives, et un Machitoshiyori pour tout ce qui est sanitaire et communautaire.

Puis vient la période moderne d'Osaka, laquelle est évidement séparée en un avant et un après Seconde Guerre Mondiale (bien que la Seconde Guerre Sino-Japonaise qui a eut lieu à la même période ait aussi marqué un tournant). Lors de la réouverture du Japon au reste du monde, il y avait un gros retard industriel et social à rattraper. La révolution industrielle commença justement à Osaka qui s'équipa d'industries, d'infrastructures modernes avec trains et même métro, et l'arrivée de l'électricité. Des échanges commerciaux commencèrent à développer la culture occidentale au Japon (donnant lieu à des mélanges vestimentaires intéressants).

Après quoi, pour la période contemporaine d'Osaka, le musée s'est principalement intéressé à l'Exposition Universelle de 1970. Mais cette partie se contente d'exposer quelques objets du quotidien de l'époque (rasoir électrique, collants en nylon...) sans expliquer les changements majeurs qui ont eu lieu.

La deuxième partie du musée est dédiée à des expositions temporaires et en ce moment l'exposition est sur les épées japonaises (comprendre par là tout arme tranchante, mais principalement des sabres à lame courte recourbées, des katanas quoi). Pendant longtemps les épées ont été utilisées dans l"objectif de faire la guerre, mais leur production a perduré après l'arrivée des armes à feu car d'armes elles sont devenues des objets de décoration. Mais assez rapidement la possession d'arme, même à titre décoratif, a été régulée, puis lors de l'occupation par les Etats-Unis la production a tout simplement été interdite. Cette interdiction est aujourd'hui levée, mais très peu d’artisans savent encore forger de telles lames.

Pour éviter le déclin de cet art, la All Japan Swordsmith Association a été fondée en 1975 afin de promouvoir ce art et la transmission de celui-ci. C'est à l'occasion des cinquante ans de l'association que l'exposition a lieu. Mais malgré ses efforts, le nombre d'artisans reconnu comme étant capable de réalisées des lames japonaise n'a cessé de diminuer pour atteindre à peine plus de 200 personnes aujourd'hui. Au début des années 2010 ils ont émis l'idée de commencer à relier l'art de forger les épées avec la culture populaire en répliquant des armes issues d'animés, mangas et jeux (en commençant par l'animé Evangelion). Grâce à quoi il y a eu un léger regain de popularité de l'art, notamment auprès des femme qui sont bien trop sous représentées dans ce milieu. Pour autant, cette initiative a fait polémique et a créé deux camps, un conservateur et vieillissant (ce n'est pas moi qui le dit, c'est marqué dans le musée) opposé à ce mélange culturel, et un plus ouvert et plus jeune qui pense qu'à partir du moment où ça empêche l'art de mourir c'est une bonne idée.

Pour le reste de la journée, je suis allé voir les anciennes tombes des empereurs (enfin, j'ai essayé) de l'antiquité du Japon. Car s'il est mentionné un peu partout leur existence, le fait qu'elles soient particulièrement impressionnantes, elles ne semble pas ouvertes au public. Cependant, des reconstitution nous montre à quoi pouvaient ressembler celles-ci à l'époque, bien qu'aujourd'hui il n'en reste plus grand chose. La plus grande d'entre-elles, le mausolée de l'empereur Nintoku, 840 m de longueur et 645 m de largeur.

Pour finir la journée, je vais voir le temple Shitennoji, lequel, construit au 6ème siècle, est le plus vieux temple encore en activité au Japon. Celui-ci, composé de plusieurs bâtiments dont une grande pagode à cinq étages, a évidement été rénové plusieurs fois, et le plus grand bâtiment est justement entièrement couvert d'échafaudages car en cours de rénovation (pas de bol). Pour le reste, le temple est très beau, mais l'ensemble des explications que l'on a est en japonais (donc merci à Google Lens pour la traduction qui n'est... vraiment pas terrible).

Apparemment, les origines exactes du temple sont aujourd'hui perdues, mais l'on sait qu'il a été créé par le prince Shotoku qui souhaitait un palais alors même que le bouddhisme commençait tout juste à arriver au Japon. Ce n'est que plus tard que les pèlerins, à force de venir se recueillir dans ce lieu, en firent un temple. On estime que depuis sa construction, le temple a été victime de sept incendies (à mon avis ce chiffre n'est pas choisi par hasard et le nombre exact est inconnu) et les différents bâtiments le formant ont été amenés à évoluer peu à peu jusqu'à devenir ce qu'ils sont aujourd'hui. Les photos sont interdites au sein des bâtiments, donc il faudra se contenter d'une image prise en ligne.

Demain je pars d'Osaka, dommage il y avait encore d'autres choses à voir, y compris dans les villes alentour comme Kobe. En tout cas, je prendrait une voiture de location et direction Takayama afin de découvrir un Japon différent des mégalopoles.